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Le Moulin-Seigneurial-Papineau Le moulin banal (1822-1979)


Dans le système féodal français, « les banalités sont des installations techniques que le seigneur est tenu d'entretenir et de mettre à la disposition de tout habitant de la seigneurie. En contrepartie, les habitants de cette seigneurie ne peuvent utiliser que ces installations seigneuriales, pour un prix qui est fixé par le seigneur. Ce sont des services publics. » (1) La banalité existait depuis le début de la colonisation de la seigneurie de la Petite-Nation vers 1805-1810, au Sault de la Chaudière, appelé aussi North-Nation-Mills.

En 1809, après avoir vendu la partie de terre nommée North Nation Mills avec la ferme, le moulin à scie et le moulin à farine à Robert Fletcher, un marchand de Boston, Joseph Papineau confiera la gestion de la seigneurie à son fils Denis-Benjamin, tout en lui prodiguant de nombreux conseils dans les lettres qu’il lui écrit.

En 1817, Joseph Papineau vend à son fils aîné, Louis-Joseph, la seigneurie de la Petite-Nation. En 1821-1822, Denis-Benjamin Papineau s’établit sur une ferme près de l’étang de la « Prairie des Castors », communément nommée Ferme de la Baie ou Ferme près le Moulin.

Le nouveau seigneur de la Petite-Nation, Louis-Joseph Papineau construit à proximité de la Ferme de la Baie, le nouveau moulin seigneurial à l’en-droit de la Réserve du moulin qui était identifiée dans le contrat lors de la vente par son père, Joseph Papineau.

C’est François Parent, menuisier constructeur de moulin, qui en sera le maître d’oeuvre. Les fondations beaucoup plus solides que celles du Sault-de-la-Chaudière, étaient faites de grosses pierres des champs, et les murs de planches de bois chaulées. Le mécanisme était actionné par une grande roue à aubes. En face du moulin, le seigneur fit construire, toujours en 1821, une maison pour loger son meunier, Joseph Joubert père, et son épouse Angèle Fortin. Plus tard c’est Joseph Joubert fils qui prendra la relève. Joseph Joubert fils épouse Marguerite Thomas en 1845; après le décès de cette dernière, il épouse Louise Beaudry en 1851. Il sera meunier jusqu’à la vente du moulin en 1868.

Le régime seigneurial ayant été aboli en 1854, Louis-Joseph Papineau vend en 1868 le moulin à farine à Joseph-Anthime Lauzon, meunier et cultivateur. Le nouveau propriétaire s’installe avec sa femme, Suzanne Perrier, leurs trois enfants et les parents d’Anthime dans la maison connue sous le nom de « Maison du Meunier ». Lors de l’achat du moulin, Anthime est meunier et cardeur avec son père, Joseph Lauzon, qui est âgé de 74 ans. Dès l’acquisition, en 1868, on agrandit la maison d’environ 22 pieds du côté est pour loger les parents, Joseph Lauzon et Julie Jammes dite Carrière. Le fils aîné de Joseph-Anthime, Joseph Hyacinthe Avila Lauzon, avait 3 ans à son arrivée en 1868. Il allait devenir le troisième propriétaire du moulin à farine en 1891. Il héritera aussi de la maison. La famille Lauzon avait introduit au cours des années une turbine qui remplaça la grande roue à aube, et des rouleaux (cylindres) à la place des meules.

Louis Boileau, fromager de Plantagenet, se porte acquéreur du moulin à farine, en 1906. Le moulin fut vendu avec la dam (chaussée) qui fournissait le pouvoir au moulin, mais sans la maison du meunier.

En 1907, le moulin est vendu à la Papineauville Lumber Co. Ltd. Son président et gérant était Théotime Bonhomme, commerçant de bois. Ses associés étaient Henri Bourassa, membre du parlement, Henri Vincent, comptable, Samuel Lauzon, marchand (et fils d’Anthime) et Séraphin Bock, contremaître. Théotime Bonhomme a participé activement au développement de Papineauville et de beaucoup d’autres municipalités grâce à son génie créatif et son implication dans le milieu. Sous la gouverne de la famille Bonhomme, plusieurs meuniers d’ici ont travaillé à la production de la farine, dont Avila Charbonneau, Salomon Dicaire, Edmond Dicaire et Claude Fortier. Le moulin subit quelques transformations durant la période de la fa-mille Bonhomme. Un hangar fut construit à l’est du moulin. On y entreposait les sacs de grains. La machinerie suivit assez bien la vague du progrès puisqu’on y installa l’électricité produite à l’aide du barrage sur le ruisseau Saint-Amédée, près du moulin. On vendait la farine « Five Stars » à Montréal et à Ottawa. On produisait surtout de la moulange pour le bétail.

Ce n’est qu’en 1920, qu’Avila Lauzon vend la maison du meunier à Aquila Duquette. Et en 1970, c’est Réal Duquette, fils d’Aquila, qui en devient le propriétaire. Aujourd’hui, c’est la petite-fille d’Aquila qui en est propriétaire.

Une industrie peu florissante et la demande décroissante ont fait qu’en 1953, le moulin dû fermer ses portes. Il avait fonctionné pendant 131 ans sans interruption. Le 8 mai 1979, le moulin à farine était détruit. Accoudées sur le vieux pont, la larme à l’œil, les personnes présentes durent se rendre à l’évidence, les risques d’effondrement augmentaient et il fallait prendre une décision : vendre, donner ou démolir le moulin. L’affaire ne semblait intéresser personne. J’étais parmi ces gens qui ont assisté à la disparition du moulin. C’est à ce moment que je pris la décision qu’un jour j’allais faire revivre cet endroit qui était laissé à l’abandon. Je débute ma retraite et je m’attaque à un projet de mise en valeur du site du seul moulin seigneurial en Outaouais. Profitant de subventions pour le nouveau millénaire, je mets sur pied un projet qui est accepté. L’endroit est transformé en parc qui porte le nom de Parc du Moulin-Seigneurial-Papineau, où on y retrouve une grande photo du moulin alors que la famille Bonhomme en est propriétaire, les fondations de pierre de champ, le tuyau qui alimentait la tur-bine, le ruisseau Saint-Amédée et de nombreuses photos de commerces aujourd’hui disparus vous accueillent dans un site enchanteur.

(1) Wikipedia, https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Banalit%C3%A9_(droit_seigneurial), consulté le 29 août 2019.


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